


Fabrique Normant

Conférence de M. Garnier et M. Tobermann
"« On ne devra jamais oublier que Wagner, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, nous a à sa manière […] rappelé que l’art est une chose importante et sublime. » Friedrich Nietzsche, Le Cas Wagner.
Le 17 mai 1869, Richard et Cosima Wagner reçoivent chez eux, à Tribschen en Suisse, un jeune professeur de philologie, Friedrich Nietzsche. Wagner a 55 ans. Il est le compositeur le plus connu et le plus controversé d’Europe. Il vient de créer Tristan, Les Maîtres chanteurs, et travaille à terminer sa vaste tétralogie. Nietzsche a 24 ans et vient d’être nommé à son premier poste à Bâle. Ils sont tous les deux passionnés, non seulement par la musique de tradition allemande (Bach, Mozart, Beethoven, Weber, Schumann et …Wagner), mais aussi par la tragédie grecque et la philosophie de Schopenhauer. Malgré leur différence d’âge, ils forment une vraie amitié et Nietzsche se rend chez les Wagner régulièrement, jusqu’à leur déménagement à Bayreuth en 1872. Les premiers livres de Nietzsche, notamment La Naissance de la tragédie (1872), sont marqués par les idées de Wagner. La Naissance de la tragédie lui est dédié.
Progressivement, Nietzsche prendra ses distances avec Wagner. Il sera déçu et répugné par la création de la tétralogie à Bayreuth en 1876, non par la musique elle-même mais par le public largement constitué de l’aristocratie et la haute bourgeoisie, très éloigné des fréquentations de Wagner le révolutionnaire de 1848… Nietzsche se trouvera également aliéné par l’aspect chrétien de Parsifal, dernière œuvre de Wagner, à laquelle il préfère Carmen de Bizet. Après la mort du compositeur en 1883, Nietzsche le critiquera dans deux livres, Le Cas Wagner et Nietzsche contre Wagner.
L’influence de Wagner marquera toute la musique de la fin du XIXe siècle, le début du XXe, et la philosophie de Nietzsche la pensée du XXe. L’appropriation de certaines de leurs idées et leurs œuvres par les nazis, en les déformant au moins partiellement, fera d’eux des génies contestés jusqu’à nos jours."
Charles Tobermann
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