« Un moment, ils avaient pensé que c’était eux. Ne soulevaient-ils pas aussi les couvercles des poubelles, des bennes communales en recherche d’on ne savait quoi, que toujours ils transformaient en quelque chose de plus beau, de différent ; quelque chose qui n’était pas d’ici. Ils avaient pensé à eux, disaient que : « C’était plus naturel, plus simple puisque personne ici n’aurait pu… » Voilà ce que disait le maire qui souvent pensait pour nous. Il le disait comme son père, maire aussi, l’avait dit avant lui. « Ceux qui embellissent nos ordures peuvent tout autant avilir la beauté », et tous applaudissaient sur la place, au pied du monument aux morts ; à la sortie du conseil. Mais ils étaient partis depuis longtemps ne laissant qu’une roulotte et deux caravanes juste après le rond-point. Ils s’en étaient allés vers des pays qui pour nous resteraient à jamais des noms sur des cartes routières. Sous la roulotte un blaireau avait fait son terrier, que je nourrissais parfois de quelques fruits. » – Jean-Claude Tardif. 14.02.10
(Extrait du livret édité par la Médiathèque)